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Créer un jardin Médiéval

Publié le 24/03/2022

Illustration du projet paysagé réalisé par Anne Bicard

Cette ressource est un résumé du rapport de stage d’Anne Bicard. Celui-ci est issu de sa mission en service civique avec InSite à Saint-Victor-et-Melvieu (2021-2022).

Introduction

Vous cherchez à valoriser le patrimoine médiéval de votre commune à travers une activité ludique et qui œuvre pour la biodiversité ? Pourquoi ne pas vous lancer dans la création d’un jardin médiéval !

Un jardin médiéval est un hortus conclusus, c’est-à-dire un jardin clos, secret, calme. On y retrouve :

  • De quoi se nourrir
  • De quoi se soigner
  • Et de quoi faire acte de dévotion, avec des plantes sacrées.

Voici pour vous un exemple de jardin médiéval conçu à Saint-Victor-et-Melvieu grâce à l’aide de deux volontaires InSite.

Contexte : InSite a mis en relation deux volontaires (Anne Bicard et Flora Garcia) avec la petite commune Aveyronnaise de Saint-Victor-et-Melvieu afin de réaliser un jardin médiéval. Avant l’arrivée des volontaires, l’avancé de ce projet n’était qu’au stade du désir de le réaliser, seul le terrain avait été défini. Le terrain légué pour le jardin est originellement utilisé comme un espace de repos et de pique-nique. Il est situé au pied de la Tour de guet, au centre du village.
 

Phase 1 : S’inspirer avant la mise en œuvre

Avant de dessiner le jardin, le premier travail pour cette mission est une recherche bibliographique pour définir ce qu’est un jardin médiéval. Alors, pendant le premier mois, des recherches ont été faites sur les jardins du moyen-âge et leurs différents aspects à la fois techniques, culturels et sociaux.

Après cette phase de bibliographie, nous avons fait le choix de partir visiter différents jardins médiévaux pour s’inspirer. Une liste de 130 plantes référentes a été renseignée. Certains projets poussent la démarche médiévale dans sa globalité, comme au château de Guedelon, qui est un chantier de construction expérimental d'un château-fort. Les techniques et les matériaux utilisés sont les mêmes qu’au Moyen Âge. L’enjeu d’une telle fidélité est de promouvoir des arts et des techniques peu connus car tombés une désuétude au fil du temps. D’autres projets se positionnent plus dans l’inspiration que dans la copie conforme, les techniques et les architectures sont reproduites, mais avec du matériel moderne.

La première réunion avec les habitants de la commune a permis de comprendre les besoins du projet de jardin. Cet échange a mis en lumière la priorité de ce jardin : le minimum d’entretien. Effectivement, le jardin sera laissé aux mains des habitants bénévoles à la fin du service civique. Ceci implique que la charge de travail doit être minimisée. Les conséquences de cette volonté sont : l’utilisation d’outils agricoles modernes (tuyau d’arrosage, bâche plastique, tondeuse). Le jardin a un enjeu pédagogique mais aussi décoratif. L’envie de la commune est d’embellir et de mettre en évidence son patrimoine par un jardin, car le jardin est au pied de la tour de garde.
 

Phase 2 : Le choix des plantes

Quant à la sélection des plantes prioritaires parmi la liste des 130, l’échange avec les habitants a visé les caractères prioritaires pour le choix des plantes : être vivace, esthétique et locale. Choisir des plantes vivaces découle de la volonté d’entretenir le jardin au minimum. L’intérêt de prendre des plantes locales vient d’une part de la sécurité et de la pérennité de la plante de par son adaptabilité naturelle aux conditions environnementales du site, et d’autre part, pour leur approvisionnement. Beaucoup d’habitants des deux villages jardinent, et peuvent faire don de certains plants, ce qui est intéressant d’un point de vue budgétaire. De plus, à l’époque la cueillette était une activité plus développée. Malgré le fait qu’il n’y a pas de trace de mise en culture, nous avons choisi d’inclure au jardin des plantes sauvages (ex : chélidoine, mauve, lierre, bétoine, etc.), pour des raisons économiques mais surtout pédagogique : apprendre à reconnaître ces plantes que l’on peut trouver aux bords des routes et dans les bois voisins.

En termes de choix des végétaux, une liste de plantes prioritaires a été sectionnée. Ainsi, après une sélection d’une trentaine de plantes parmi les 130 identifiées lors de la bibliographie, une phase d’identification des fournisseurs a été lancée (internet, pépiniéristes, habitants…). L’objectif était de faire les plantations avant mi-décembre. L’hiver peut sembler être une période de latence dans la vie du jardin, cependant le début de la saison froide ne perturbe pas les végétaux possédant déjà un système racinaires développé. De plus, les plantes vivaces par exemple, entrent en dormance durant l’hiver, ainsi des plantations automnales permettent de leur laisser le temps de bien s’enraciner avant la reprise de croissance au printemps, ce qui les rend moins dépendantes en eau et leur assure une meilleure poussée.

Il faut tout de même être vigilent au placement des plantes en fonction de l’ensoleillement, des zones d’ombre et de leurs besoins.
 

Phase 3 : La réalisation

Carré en plessis de châtaignier bâché et rempli de terre

Il a été vu que les plessis sont des structures traditionnelles évoquant le moyen Age, et grâce à sa réalisation accessible, les incorporer au jardin lui donnera le caractère médiéval recherché. Le choix des plessis de bois secs s’est fait naturellement puisque qu’une haie tressée se réalise sur plusieurs années. Le choix du bois était aussi évident : le châtaignier, car il possède la propriété d’être long à la pourriture. De plus, il y a un très grand nombre de châtaigneraies autour de la commune, mais il est également possible de le faire avec de l’osier et du noisetier. Nous avons organisé un chantier participatif et des propriétaires, nous ont laissé récolter le bois de leurs passerelles.
Installation des poutres avant traitement thermique

Pour diversifier les structures, des poutres de châtaigniers sont installées sur le sol comme parterres surélevés. Un traitement a été fait au bois pour augmenter sa longévité. Ce traitement est inspiré d’une technique traditionnelle qui consiste à brûler les bois en surface. Le jardin a ensuite été clôturé, car il a été vu que les jardins médiévaux étaient fermés pour des raisons pratiques et symboliques. Pour notre projet, clôturer le jardin a aussi l’avantage de créer une surprise et de susciter la curiosité des visiteurs.
 

Phase 4 : La valorisation

Pour valoriser cet espace, des conférences et animations pourront être organisées sur différentes thématiques, comme les jardins médiévaux ou les plantes médicinales. Il sera aussi prévu d’inviter des classes de primaire pour sensibiliser les enfants à la reconnaissance des plantes.
 

Aller plus loin
 

Ouvrages inspirants : 

  • Les jardins du Moyen Age, Marie Thérèse Haudebourg, 2001
  • Les jardins du prieuré Notre-Dame d’Orsan, Patrice Taravella, 1999
  • Les plantes du jardin médiéval, Mélina Salaün Paru, 2018
  • Merveilleuses plantes médiévales, Josy Martu-Dufaut, 2021