Mars, c’était le mois des premières fois, des phrases en français approximatives, et de grandes découvertes comme le mythique magasin Action – qui mérite son propre article (mais n’en aura pas… du moins pas encore).
Je m’appelle Sira, j’ai 24 ans et je viens des îles Canaries (Espagne) — ce coin ensoleillé où l’hiver dure deux jours et où la pluie est une légende urbaine. J’ai choisi ce projet avec InSite pour plusieurs raisons, certaines plus nobles que d’autres. D’abord, parce que j’avais une grande envie d’apprendre le français, et je suis convaincue que la meilleure façon de le faire, c’est de plonger directement dans le pays, d’écouter, de parler, de se tromper… et que le reste suivra. Ensuite, parce qu’après avoir vécu ces dernières années dans de grandes villes, mon corps me réclamait une vie plus calme, plus simple, et surtout plus proche de la nature. Et enfin, parce que je voulais faire quelque chose d’utile, contribuer à une communauté, et ne pas juste être une touriste avec Google Traduction sous le bras.
Dès mon arrivée, nous avons eu droit à une grande présentation avec tous les acteurs publics liés de près ou de loin au projet. C’était un moment très émouvant... et aussi un peu flippant. Entourée de gens qui parlaient français (vite, évidemment – les Français ne connaissent pas la touche ralenti), j’ai eu un petit vertige : Est-ce que je vais un jour comprendre quelque chose ? Spoiler alert : pas tout de suite.
Mais heureusement, j’ai rencontré Manuel, un Espagnol installé en France depuis plus de 50 ans, mais qui a gardé son accent comme un trésor national. Un phare linguistique dans la tempête de consonnes nasales.
Le reste du mois s’est déroulé entre adaptation, fous rires, et petites batailles quotidiennes du genre « Est-ce du lait ou du shampoing ? ». Avec ma colocataire Elodie, on a commencé à apprendre à se connaître, à découvrir Baronville et Morhange, à chercher les produits les moins étranges au supermarché… et surtout, j’ai découvert Action. Ce magasin est un univers parallèle : tu entres pour acheter une éponge et tu ressors avec une lampe, une plante en plastique et un plaid avec des licornes. C’est de la magie.
En parallèle, on a lancé de petits projets comme créer une carte du jardin et du verger . Et là, il faut parler de Thierry, l’employé municipal le plus patient de France. Il nous a appris à jardiner tout en essayant de comprendre mon français inventé, mon accent en roue libre et mes questions formulées avec l’aide de ChatGPT.
Mars a été le mois où j’ai mis les pieds dans la terre – littéralement, dans le jardin – mais aussi dans cette nouvelle aventure de vie rurale. J’ai appris plus que je ne l’aurais cru, et même si je me mélange encore les pinceaux entre pain et peine, j’ai hâte de voir ce que ce petit village de la Moselle me réserve.
Rendez-vous en avril ! Avec un peu de chance, je saurai commander correctement à la boulangerie.
Ou au moins faire semblant.